mardi 23 octobre 2007

Pépin le Bref


Premier roi de la « deuxième race », Pépin donna des institutions durables à la Gaule franque. Courageux, énergique, cet habile diplomate s’allia à l’Église, qui devint le ferme soutien de l’État.
« Oint du Seigneur »
Pépin poursuivit l’œuvre d’unification du royaume et de restauration de l’Église en Gaule, commencée par son père. Fort de l’approbation du pape Zacharie, pour qui « il valait mieux appeler roi celui qui avait le pouvoir royal que celui qui ne l’avait pas », il déposa Childéric III à l’automne 751.
Selon la tradition, il tut sacré avec l’huile apportée par une colombe pour le baptême de Clovis : cette première onction religieuse d’un roi des Francs attestait sa légitimité vis-à-vis de la lignée mérovingienne ; elle établissait surtout une prestigieuse filiation spirituelle avec les rois hébreux de l’Ancien Testament, Saûl, David et Salomon, «oints du Seigneur», donc inviolables et sacrés.
La France, « fille aînée de l’Eglise »
Successeur de Zacharie en 752, le pape Etienne II réclama l’aide de Pépin contre Aistolf, roi des Lombards, qui avait conquis Ravenne et menaçait Rome. Procédure inhabituelle, puisque l’Italie dépendait de l’Empire romain d’Orient, mais les relations du pape et du basileus étaient mauvaises ; l’armée byzantine se trouvait de plus hors d’état de livrer une quelconque offensive. Invité en Gaule à l’automne 753, Etienne II fut reçu par Pépin au palais de Ponthion le 6 janvier 754. Il le remercia de son appui par un second sacre à Saint-Denis, le 28 juillet, avec ses fils Charles et Carloman. Il leur conféra le titre de patrice romain qui faisait d’eux les protecteurs de la Ville éternelle.
En dépit des amicales pressions diplomatiques exercées par le roi des Francs sur les Lombards, avec qui les relations étaient excellentes jusque-là, Aistolf fit la sourde oreille. Pépin convoqua alors un plaid à Quierzy-sur-Oise (avril 755) et prit la tête d’une expédition contre les Lombards après l’envoi d’un ultimatum. Il s’empara de Pavie le mois suivant et Aistolf consentit à restituer ses conquêtes.
La fourberie du roi lombard, qui revint sur sa parole, força Pépin à une nouvelle campagne (mai 756). Définitivement vaincu, Aistolf livra toutes les cités naguère ravies aux Byzantins et qui constituèrent les États de l’Église. Ce fut peut-être la création la plus originale de Pépin le Bref, la plus durable aussi : ces États ne disparurent qu’en 1870, lors de la formation de l’unité italienne !
« Vive le Christ, qui aime les Francs »
Pépin reprit Nîmes, Maguelone et Béziers (752), délogea les Sarrasins de Narbonne (759) et reconquit l’Aquitaine, soulevée par le duc Waifre (760-768) ; après la mort de celui-ci, Pépin se consacra au relèvement de la région ruinée par le conflit et promulgua à Saintes un capitulaire de pacification.
Il érigea Saint-Denis en monastère royal (754) et réunit plusieurs conciles pour rétablir les prérogatives de l’Église ; celui de Compiègne institua le versement de la dîme aux clercs, pour les dédommager des confiscations opérées par Charles Martel (757) ; le concile d’Attigny restaura les structures et la discipline dans les évêchés (762). Le roi arbitra le concile de Gentilly, où des clercs romains et byzantins débattirent de l’iconoclasme qui divisait l’Empire d’Orient (767). Chef de l’Église gauloise jusqu’en 766, l’évêque de Metz Chrodegang rédigea la Règle des chanoines, respectée par tout le clergé médiéval.
Pépin avait séjourné à la cour lombarde vers 735 et copia son excellente organisation administrative inspirée de l’Empire romain ; plus compétents que les laïcs pour rédiger les actes royaux en latin, des clercs prirent la direction de ses bureaux. Il institua les pagi, nouvelle subdivision territoriale, et révisa la loi salique (763). Il créa la deuxième monnaie nationale, le denier d’argent : défini comme douzième partie du solidus d’or romain, frappé à raison de 264 pièces par livre de métal et imposé à tout le royaume, il facilita la reprise du commerce (755).
Pépin ordonna à cette fin la tenue de marchés dans les cités épiscopales qui n’en possédaient pas : la charte royale de 758 confirma celui de Saint-Denis, ultérieurement connu sous le nom de foire du Lendit.Poursuivant les conquêtes territoriales, Pépin repoussa les Saxons jusqu’à la Weser (753) et imposa sa tutelle à la Bavière : son duc Tassilon III prêta le premier serment vassalique connu (760). Rapproché de l’Empire romain d’Orient dès 756, Pépin établit de cordiales relations diplomatiques avec le basileus (757-767), qui furent à l’origine du renouveau de l’étude du grec. Le calife de Bagdad échangea aussi une ambassade avec le roi des Francs (768).
Malade, Pépin le Bref mourut le 24 septembre 768 à Saint-Denis, et y fut inhumé. Ses fils Charles et Carloman lui succédèrent après un partage du royaume

Aucun commentaire: